Il est temps, voire urgent de prendre ma plume mon clavier pour vous parler des différences notables entre la rédaction web de 2020 et celle d’aujourd’hui. Car oui, beaucoup de choses ont changé et il est indispensable de suivre les tendances pour ne pas se laisser enliser dans des techniques désuètes. Il est également important d’en parler, car le profil des rédacteurs web qui réussissent a changé et, spoiler alert, je considère que le nom de notre métier devrait, lui aussi, évoluer.
Ce qui était attendu d’un rédacteur web en 2020
En 2020 (et même avant, bien sûr), un bon rédacteur web pouvait accompagner ses clients sur des tâches très spécifiques, lesquelles tournaient principalement autour de l’écriture. Voyez plutôt :
- rédaction d’articles de blog
- rédaction de fiches produit
- rédaction des pages fixes
- recherche de sources fiables
- balisage html
- construction d’une structure solide et logique
- optimisation de la structure et du texte
- rédaction d’une méta description
- création d’un planning éditorial
- retouches d’articles et de textes
- amélioration globale du site
Le rédacteur ou la rédactrice web SEO allait un peu plus loin en proposant davantage de services :
- audit du SEO rédactionnel du site
- proposition d’amélioration du planning éditorial en fonction de l’audit
- recherche de requêtes clés et placements stratégiques
- analyse des résultats sur la SERP (Search Engine Result Page)
- analyse des résultats sur Google Search Console et Google Analytics
- suivi du trafic organique et recommandations au client.
Ce qui est attendu d’un rédacteur web en 2025
Le monde a changé et il a changé très vite. En quelques mois, l’arrivée de ChatGPT a modifié tout l’écosystème Web, mais cette IA générative n’est pas la seule à avoir rebattu les cartes. Ces changements sont dus à plusieurs paramètres comme le glissement d’un mode de recherche à un autre. Nous sommes passés de l’unique barre de recherche de Google à celles de TikTok, ChatGPT, Perplexity ou Gemini. La manière de chercher l’information se dilue. Certains vont plutôt rechercher des réponses sur les réseaux sociaux, principalement en vidéo. TikTok a d’ailleurs lancé une grosse campagne de publicité pour son moteur de recherche en 2024, directement sur YouTube (ou comment faire entrer le loup dans la bergerie…).
Par ailleurs, la rédaction générée au kilomètre par les IA est en train de modifier l’aspect général du Web. Chaque jour, les contenus rédigés par des humains diminuent en pourcentage face aux contenus générés par des IA.
L’IA se nourrissant principalement de contenus publiés sur Internet, elle se cannibalise et appauvrit l’intégralité de la grande toile.
Dans ce contexte, voyons ce que l’on peut attendre d’un rédacteur web en 2025 :
J’ai noté en bleu les tâches pour lesquelles les rédacteurs et rédactrices web peuvent se faire assister d’une IA générative.
- rédaction d’articles de blog
- rédaction de fiches produit
- rédaction des pages fixes
- recherche de sources fiables
- balisage html
- construction d’une structure solide et logique
- optimisation de la structure et du texte
- rédaction d’une méta description
- création d’un planning éditorial
- retouches d’articles et de textes
- amélioration globale du site
- pilotage des outils d’IA générative
- reformulation ou retouches de textes existants
- relecture critique de l’IA
- veille des contenus concurrents
- optimisation fine des titres
- classement des priorités éditoriales
- adaptation du ton
- gestion du cycle de vie des contenus
- transmission de consignes rédactionnelles à d’autres contributeurs
- écoute active
- construction d’un cadre éditorial solide
- autonomie dans la gestion des missions
- notion de copywriting
- adaptation des contenus pour différents canaux
- maîtrise des CMS pour intégration autonome
- collaboration avec les autres intervenants sur site
Au niveau de la partie SEO :
- audit du SEO rédactionnel du site
- proposition d’amélioration du planning éditorial en fonction de l’audit
- recherche de requêtes clés et placements stratégiques
- analyse des résultats sur la SERP (Search Engine Result Page)
- analyse des résultats sur Google Search Console et Google Analytics
- suivi du trafic organique et recommandations au client.
- analyse de l’intention de recherche
Le nouveau rôle du rédacteur web : pilote éditorial
Il suffit de regarder les couleurs des deux listes ci-dessus pour comprendre que la valeur du rédacteur web d’aujourd’hui réside dans 4 compétences essentielles :
1 – La maîtrise de la rédaction web SEO artisanale
2 – Le pilotage de l’IA générative
3 – L’intelligence relationnelle
4 – Le pilotage éditorial stratégique
Je reprends, point par point.
1 – La maîtrise de la rédaction web artisanale
Ce premier point est directement lié au deuxième : on ne peut pas piloter correctement une IA si l’on ne connaît pas soi-même les bases. C’est du bon sens et cela vaut pour à peu près tout. Accepteriez-vous d’aller chez une dentiste qui à appris à utiliser les robots, mais qui n’y connaît rien en médecine ? Confieriez-vous vos cheveux à quelqu’un qui sait utiliser des ciseaux, mais qui n’y connaît rien en coiffure ?
J’ai envie de vous dire : l’outil ne fait pas l’artisan.
Donnez-moi des ciseaux : je ferai un massacre (à vos cheveux). Donnez-moi Canva : je ne créerai rien de beau tant que je ne me serai pas formée.
Donnez-moi une IA générative : je saurai la piloter pour répondre aux clients, si c’est ce qu’ils veulent, car la rédaction web SEO est ma compétence artisanale.
Vous voulez évoluer comme pilote éditorial, content manager, content strategist… commencez par les bases de la rédaction web.
2 – Le pilotage de l’IA générative
On peut demander tout ce que l’on veut à une IA… en gardant à l’esprit qu’elle ne crée pas, elle génère.
En réalité, ce ne sont pas tout à fait les mots qui sont analysés. Les modèles pratiquent ce qu’on appelle la tokénisation : le texte est divisé en petites entités appelées tokens (ou jetons) qui sont des mots, des syllabes ou des suites de caractères. Cette découpe aide les modèles à réduire la variabilité linguistique, à s’adapter aux fautes d’orthographe ou à modéliser plusieurs langues en conservant un vocabulaire limité. Mais pour bien traiter les textes qui leur sont confiés, les algorithmes doivent d’abord s’entraîner et ce, sur une grande quantité de données. ChatGPT, par exemple, repose sur un modèle Transformer, plus exactement un GPT (Generative Pre-trained Transformer) qui est entraîné à prédire le token suivant. Sa mission consiste donc à compléter une séquence, token par token, avec la suite la plus probable possible, en fonction du contexte précédent.
Pour piloter, il faut maîtriser son sujet, donner les bonnes consignes (prompts) et être capable d’esprit critique sur le résultat. Il faut ensuite une phase de relecture attentive avec vérifications, corrections et retouches.
3 – L’intelligence relationnelle
Comprendre les besoins des clients, exprimés ou non, être capable d’écoute active et de recherches de solutions, sans s’imposer ; voilà quelques exemples d’intelligence émotionnelle.
Les nouveaux rédacteurs web doivent être capables d’accompagner leurs clients dans une stratégie éditoriale efficace et dynamique.
Pour aller plus loin, je vous recommande vivement cette excellente vidéo de Michael Aguilar qui aborde les comportements problématiques des personnes qui ne réussissent pas à vendre. D’après moi, il s’agit clairement de problèmes d’intelligence relationnelle.
4 – Le pilotage éditorial stratégique
Le rédacteur web n’est plus un simple exécutant, il est un stratège qui sait rédiger, structurer, penser le SEO, collaborer avec l’IA générative et surtout, traduire la voix du client en contenus stratégiques.
Le pilote éditorial écoute, analyse, réfléchit (principalement avec son cerveau) et propose une (suite de) direction éditoriale au projet du client. Toute sa création de contenu est pensée avec un objectif précis.
Il peut piloter le projet, mais aussi écrire, rédiger, retoucher, briefer…
Oser repenser son métier pour aller de l’avant
Je m’adresse ici aux rédacteurs et rédactrices web déjà en place : vous devez repenser votre métier. Nous sommes tous et toutes dans le même bateau. J’aurais pu me reposer sur l’existant et défendre mon petit pré carré en attendant de voir ce qu’il se passe, mais j’ai retroussé mes manches et je suis retournée rédiger pour des clients (je ne l’avais plus fait depuis 2017 !) pour voir ce qui était attendu.
J’ai pu constater que :
- les content managers en agence ne sont souvent pas formés à la rédaction web SEO ; leurs consignes sont donc dépassées voire totalement farfelues ;
- de nombreux clients donnent des consignes tout aussi étranges (d’un point de vue stratégique), ils dépensent de l’argent dans des projets qui ne leur rapportent rien, car ils ne réfléchissent pas à la stratégie de contenu globale et à l’intention de recherche ;
- trop d’entreprises se reposent sur la génération de textes avec des IA, sans aucun pilotage et sont en train de foncer droit dans le mur (le sujet est vaste, je me suis déjà exprimée de nombreuses fois sur cette problématique) ;
- beaucoup de rédacteurs web se présentent comme des exécutants et ne savent pas comment mettre en avant leurs compétences.
Pour toutes ces raisons, j’ai décidé de repenser ma création de contenu et de mettre à jour mes formations en ce sens. Les ajouts de contenus ici, dans mon podcast, sur ma chaîne YouTube et dans mes cours se feront au fur et à mesure pour accompagner les futurs rédacteurs et rédactrice web pilote éditoriaux dans leurs fonctions et compétences.
Ce nouveau métier est très modulable, il est possible de se spécialiser dans la rédaction artisanale, le SEO, le pilotage de l’IA, les réseaux sociaux, la gestion d’équipe…
C’est maintenant à vous de construire et de faire évoluer votre métier, comme je suis en train de faire évoluer le mien.
