Vivre de l’écriture en 2024 : enjeux et adaptations

Vous noterez que par souci d’inclusivité, j’ai choisi un titre au féminin. Il y a clairement plus de rédactrices que de rédacteurs, j’ai donc opté pour un accord de supériorité numérique, quitte à ce que cela ne plaise pas aux moteurs de recherche. À ce propos, il me semble essentiel d’OSER fournir ce type de titre et ne pas se conformer à l’existant si l’on veut continuer à alimenter le Web. Mais je pars déjà trop dans les détails.
Pour reprendre mon introduction, je vais vous parler aujourd’hui du métier de rédactrice web en 2024, des défis, enjeux et adaptations nécessaires. Je vais me baser pour cela sur mon expérience de 12 ans (déjà !) dans le monde de la rédac’. 

Évolutions des métiers de la rédaction web

Oui oui, je parle bien des métiers et pas du métier, car l’écriture numérique ou digitale (appelons-la comme on veut) couvre de nombreux domaines. Certaines rédactrices rédigent des newsletters, certaines copywritent des pages de vente, certaines créent du contenu journalistique ou informatif, tandis que d’autres s’occupent de retranscriptions, d’interviews, de posts sur les réseaux sociaux, de ghostwriting (liste non-exhaustive). Bref, vous l’aurez compris, les métiers de la rédaction web sont très variés.

Autrefois (dans les années 2010), la rédaction web était une compétence, ce n’était pas encore un métier à part entière, ou alors, cela était très rare. L’équipe marketing attendait des personnes chargées de la communication qu’elles écrivent le contenu des sites internet et des réseaux sociaux. On pouvait aussi demander à Myrtille de la compta d’écrire sur le blog, à la fille du voisin qui était en licence de lettre moderne ou encore, au stagiaire qui préparait un BTS en informatique.


À cette époque, les algorithmes des moteurs de recherche n’étaient pas encore bien rodés. Google avait réussi à sortir son épingle du jeu avec un algorithme bien meilleur que ses concurrents, mais on était bien loin de ce que l’on a aujourd’hui ! Par ailleurs, il existait beaucoup moins de sites, de blogs et de pages web. Les réseaux sociaux n’en étaient qu’à leurs balbutiements et certaines personnes n’avaient même pas commencé à utiliser internet. Je vous rappelle aussi qu’à cette époque, les téléphones portables n’étaient pas ce qu’ils sont aujourd’hui et la navigation web se faisait davantage sur ordinateur que sur mobile.


Ce qui était alors attendu en rédaction web, c’était de placer des mots clés de manière à ce que les algorithmes puissent comprendre la thématique principale de la page, et ainsi, la ranger correctement dans la SERP. On pouvait donc « bourrer » les textes de mots clés, sans se soucier de l’expérience utilisateur.


Heureusement, cette pratique a été très vite pénalisée, mais je m’étonne de voir, encore aujourd’hui, de pseudo “experts” SEO dire qu’il faut placer des tonnes de mots clés dans les textes. WTF 🤷🏻‍♀️ ? Je m’interroge d’ailleurs beaucoup sur cette communication : est-ce de l’ignorance ? De la bêtise ? L’espoir de vendre des outils SEO en affiliation ou leurs formations (périmées) ?

Quoi qu’il en soit, le métier a évolué dans le bon sens : pour faire du VRAI SEO, c’est-à-dire, plaire aux lecteurs pour plaire aux algorithmes (et pas l’inverse), le contenu doit être bien structuré (logique), apporter de la valeur (logique) et être en rapport avec la thématique du site sur lequel il se trouve (logique).

Mais quelle est donc la nouveauté en 2024 ?

2024 : de nouvelles exigences en rédaction web 

Rédaction pour les réseaux sociaux

En 2024, les pratiques ont changé et les attentes des clients ont évolué. La rédaction web est entrée dans une nouvelle dimension, elle est devenue la base de nombreux métiers de la communication digitale.
Pas plus tard qu’hier, j’échangeais avec une amie entrepreneuse qui m’expliquait avoir décidé de ne recruter que d’anciennes élèves de Formation Rédaction Web pour gérer ses réseaux sociaux après avoir tenté divers profils durant des années. Au début, elle pensait avoir besoin de personnes sorties de grandes écoles de com’, après, elle s’est dit qu’il valait mieux opter pour l’expérience et enfin, sur les recommandations. Elle s’est retrouvée confrontée à plusieurs problèmes : d’abord, les fautes d’orthographe. Puis, la syntaxe : elle passait plus de temps à reprendre les textes qu’elle avait achetés que si elle avait tout écrit elle-même, dès le début ! Autre souci : les personnes qu’elle avait recrutées dans un premier temps ne lui proposaient pas d’approche stratégique, elles se contentaient de créer des contenus esthétiques, sans réfléchir à l’inbound marketing, à la valeur ajoutée ou à la conversion.

Bref. Les clients attendent souvent de leurs équipes de rédaction qu’elles soient capables de rédiger des posts sur les réseaux sociaux, le gain de temps est colossal.

Rédaction de newsletters

Le constat est le même pour les newsletters : les clients ont besoin de contenus fluides, agréables à lire, qui captent l’attention du lecteur dès les premières lignes et ça, c’est le point fort des bons rédacteurs et rédactrices web !

La maîtrise du pilotage de l’intelligence artificielle

Certains clients veulent absolument utiliser l’IA tandis que d’autres la refusent catégoriquement. Cela est sans doute dû à la nouveauté, à la peur de l’inconnu. Le sujet de l’IA est complexe, il touche à la technique, à l’éthique, à la philosophie, à la morale… C’est un sujet “touchy” qui crée des divergences d’opinion et parfois même des débats houleux.

J’ai donné maintes fois mon avis sur le sujet et je vais essayer de le résumer ici. L’IA est un outil que nous pouvons utiliser comme assistant, sans nous reposer totalement dessus. Il existe des fast-foods et pourtant, nous continuons, quand nous en avons les moyens, à nous offrir de bons restaurants. Il y Gifi, et puis les petits marchés d’artisans locaux… Il y a l’écriture par intelligence artificielle et les rédactrices web professionnelles…

L’intelligence artificielle se nourrit de contenu déjà existant. Si on l’utilise “à froid”, sans la nourrir de nos réflexions et de textes, elle va aller puiser dans sa base de données. Elle va récupérer des mots qu’il lui semble pertinent de mettre ensemble (c’est mathématique), va les mixer et nous les “pondre” dans un ordre qui lui paraît logique. Le résultat est bluffant. Pourtant, l’IA n’invente rien, elle reprend l’existant, le mélange et le recycle.
Là où elle est très intéressante, c’est lorsqu’on lui fournit des sources personnelles : racontez-lui votre journée, elle vous en fera un article. Le style sera neutre et manquera sans doute de créativité, mais au moins, le contenu sera unique.

Les clients qui refusent d’utiliser l’intelligence artificielle (comme ChatGPT ou Gemini) peuvent avoir plusieurs craintes : 

  • Payer des contenus au nombre de mots, alors que tout a peut-être été rédigé en 3 secondes ;
  • Que leurs données confidentielles soient données en pâture aux IA qui pourraient les réutiliser dans une discussion avec la concurrence (je vous recommande la lecture de ma chronique LinkedIn sur ce sujet et les différences entre ChatGPT et Gemini en matière de traitement des données).
  • Constater que leur site internet devient fade et creux, qu’il n’y a plus d’apport de valeur et de moyen de se démarquer. Dans ce cas, le taux de rebond augmenterait, le temps passé sur les pages diminuerait et badaboum : le site dégringolerait dans la SERP (Search Engin Result Page).

Et donc, vous vous posez peut-être la question suivante : pourquoi utiliser l’IA si certains clients n’en veulent pas ?
Je vous le donne en mille : pour pouvoir répondre à un maximum de clients (certains veulent utiliser l’IA) et être au fait des nouvelles technologies.

Choisir ce métier, c’est choisir de suivre les tendances et de ce fait, il est impossible de passer à côté du pilotage de l’IA quand on travaille dans le domaine de l’écriture digitale.
Piloter, ce n’est pas remplacer, c’est donner des consignes claires et se faire aider intelligemment de l’outil. Quelqu’un qui ne maîtrise pas la rédaction web SEO de base ne peut clairement pas faire de bon contenu en pilotant l’IA. Mettez-moi une machine pour faire une échographie dans les mains, c’est peut-être un très bon outil, mais je ne saurais pas du tout comment l’utiliser et en tirer un usage intéressant.

L’IA en rédaction web permet de gagner du temps sur certaines tâches rébarbatives, de créer rapidement du contenu quand il n’y a pas d’attentes spécifiques sur la créativité humaine. Si vous devez transformer des fiches techniques de pneus en paragraphes distincts, autant utiliser l’IA ! Si vous devez retranscrire un contenu vidéo avant d’en faire un article, pourquoi s’embêter à y passer des heures alors que vous pourriez utiliser l’IA ?

Vous voyez, ce n’est pas bien méchant. On peut totalement utiliser l’intelligence artificielle au quotidien sans la faire écrire à notre place. On gagne juste en productivité et par là même, en chiffre d’affaires.

SEO et rédaction web en 2024

Le SEO ou la permaculture du référencement

J’en ai parlé plus haut, le SEO ne se résume PAS DU TOUT à une histoire de mots-clés contrairement à ce que veulent vous faire croire certaines personnes (qui font leur beurre sur du SEO de 2010 – ça me révolte, car ces gens cassent les pieds à nos élèves qui en savent pourtant bien plus qu’eux ! -).


Le SEO, c’est la permaculture du référencement (merci Clem), c’est une approche organique, holistique et naturelle. Une fois que l’on a compris ça, on peut tout mettre en place pour avoir de bons résultats.

Pour réussir son référencement, il faut : 

  • un site bien construit, propre, avec une architecture logique ;
  • un bon maillage interne ;
  • des backlinks de qualité (acheter 300 backlinks de sites qui reçoivent 4 visites par an ne sert absolument à rien, au contraire…)
  • du contenu de qualité, avec une forte valeur ajoutée ;
  • de l’expertise, de l’expérience, de l’autorité et de la confiance (E.E.A.T).

Autrement dit, vous pouvez avoir un site très bien organisé, si vous publiez, par exemple, du contenu produit à 100 % par l’intelligence artificielle, vous prenez le risque de ne pas avoir de bons résultats en SEO. La raison est simple : vous n’apportez rien de nouveau au web, votre site n’est qu’un tas de mots recyclés et sans valeur.


De la même manière, vous pouvez avoir le meilleur contenu du monde, si votre site traîne des casseroles (erreurs 404 ou contenu périmé par exemple) et que vous n’avez pas de backlinks, alors, il restera invisible sur la SERP malgré vos efforts.

Utilisation de l’IA et résultats en SEO

L’étude ci-dessous a comparé les résultats SEO de contenus rédigés par des humains versus des contenus rédigés par des IA (sur le profil X de Neil Patel) : 


On le voit clairement, les contenus rédigés par des humains ont bien plus de succès auprès de moteurs de recherche.


D’ailleurs, une autre étude a réussi à estimer qu’un contenu généré par IA deviendrait totalement inutilisable à partir de 5 recyclages. Autrement dit, si nous abandonnions la créativité humaine, le Web ne vaudrait plus rien en quelques années, telle une terre surexploitée, dénuée de toute substance…

L’objectif de Google est, encore et toujours, de plaire à ses utilisateurs… pas par philanthropie (je crois ;-)), mais plutôt pour pouvoir générer des milliards de dollars de chiffre d’affaires grâce à l’utilisation des données et la publicité ciblée (Google Ads, Google Adsense).

Que veut Google ? Que ses utilisateurs continuent à être accro à son moteur de recherche et ses outils. Il veut plaire aux internautes et mobinautes pour garder son monopole. S’il met du contenu généré par IA avant du contenu humain sur la SERP, cela signifie que le contenu de l’IA est meilleur que ce qui a été proposé par l’humain (et oui, cela peut arriver…).
Que veulent les utilisateurs des moteurs de recherche ? Avoir des réponses à leurs questions et parfois, lire des avis, des témoignages, des critiques, des points de vue humain.
Si vous demandez à l’IA ce qu’elle pense du dernier film d’Almodovar, elle vous fournira une réponse digne d’un robot (normal). Si vous lui demandez de convertir des miles en km, elle vous le fera sans problème. Idem pour des données intemporelles, sûres et qui n’évoluent pas (par exemple, la taille d’une piscine olympique).
Je prends un autre exemple. Prenez la biographie d’une personne qui vous intéresse : vous pouvez demander à l’IA de vous faire un résumé, mais vous passerez à côté de nombreuses informations contradictoires qui auraient pu vous permettre de vous faire une opinion plus précise sur cette personne. L’IA prend tout ce qu’elle trouve et fait une moyenne. S’il y a plus d’informations fausses que de justes sur le Web, elle vous recrachera les mauvaises informations. Ce qui est catastrophique quand on sait que ceux qui s’expriment le plus sur le Web ne sont pas toujours ce qui ont le plus de choses intéressantes à dire (cela porte même un nom : l’effet Dunning-Kruger).

« L’ignorance engendre la confiance en soi plus fréquemment que le fait de la connaissance »

Darwin

Vous vous demandez peut-être quel est le rapport avec le SEO ?
Le lien est direct et très important, car comme je vous l’ai dit, le SEO est une approche holistique de la création de contenu. Vous devez apporter de la valeur, de la créativité, un vocabulaire varié et des références intéressantes pour séduire à la fois les internautes et les algorithmes.
Bien entendu, le balisage HTML a toujours une place importante et les mots clés peuvent guider la création de contenu, MAIS, les algorithmes de 2024, ceux qui crawlent les contenus, ont bien évolué ces 20 dernières années. Ils sont désormais capables de comprendre un texte sans que l’on ait à insister lourdement sur les mots clés.

La clé du SEO de demain (en termes de contenu), c’est l’apport de valeur, la créativité et le fait de répondre correctement aux intentions de recherche.

Voilà, c’était long, mais j’espère que cela vous a plu. De mon côté, j’ai pris beaucoup de plaisir à écrire cet article sous le soleil de Miami. Comme quoi, les climats tropicaux me donnent envie d’écrire (tiens donc ?) 😉

Bonne rédac’,

Lucie Rondelet

lucie rondelet instagram

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