Comment reconnaître un texte écrit par une IA générative ?

Avant-hier, alors que je comptais passer mon dimanche loin des écrans et des IA génératives, quelle ne fut pas ma surprise quand, dans un musée parisien, j’ai découvert que les explications avaient été rédigées par une IA !

Quoi ? Comment ? Mais, mais… pourquoi ? 😳

Vous avez bien lu. Sur les murs d’une exposition temporaire (et donc, récente) s’étalaient des phrases fluides, certes. Impeccablement structurées, certes. Mais il manquait quelque chose… Ce quelque chose, je le définirais par une chaleur, une petite imperfection, une structure un peu différente, un vocabulaire plus riche aussi… peut-être.

Bref, ces textes, j’en aurais mis ma main à couper, étaient générés par une intelligence artificielle.

En tant que formatrice en rédaction web, ancienne rédactrice durant des années et sans IA (nous allons pouvoir créer un club de dinosaures), je pense être en mesure de reconnaître en un coup d’œil un texte généré par une IA. Car j’en ai corrigé des copies (vous l’entendez, cette voix de vieille institutrice ?) !

Plus sérieusement, j’ai lu et corrigé des milliers de textes écrits par des humains, avant l’apparition de l’IA générative. D’ailleurs, ce savoir faire (celui d’écrire et de lire des textes « humains ») risque de se perdre au fil du temps, puisque l’IA générative sera sans doute utilisée autant que le clavier dans les années à venir. La plupart de ce que vous lirez sur Internet, dans les musées (visiblement), les livres scolaires, les newsletters, les brochures, les pubs, les courriers administratifs et sans doute certains livres seront rédigés par des IA pilotées par des humains.

Pilotées ou non, le style restera toujours à peu près le même.

Alors, comment reconnaître ces IA à l’heure actuelle ? Je vais essayer de vous donner quelques indices si vous êtes encore novices.

Fluidité et vocabulaire de l’IA générative

Ce qui frappe d’abord, c’est la fluidité presque dérangeante des textes. L’IA générative excelle dans l’art d’assembler des phrases claires, mais elle peine à sortir des sentiers battus. Les structures sont souvent répétitives : des introductions qui plantent le décor en trois parties, des phrases de conclusion attendues, des listes soigneusement ordonnées et beaucoup, beaucoup de phrases creuses, d’exagérations, de généralités.

Exemple : « Cette destination incontournable dévoile des richesses fascinantes. Petits et grands seront comblés lors de balades en nature ressourçantes, en ville ou lors de virées à la plage ».

–> Quand vous voyez qu’une phrase n’apporte rien et sonne creux (comme ci-dessus), elle peut être le fruit d’un mauvais rédacteur web… ou d’une IA.

Une IA a tendance à user et abuser des mots de liaison comme « cependant », « en somme », ou encore « non seulement ». Ces connecteurs, censés rendre le texte professionnel et fluide, apportent finalement un aspect scolaire, un peu soporifique.
Allez, on se réveille ! On saute une transition, on joue avec le rythme, on ose l’ellipse.

Autre indice révélateur : le choix des mots. Les IA génératives utilisent des termes fréquemment associés dans les bases de données sur lesquelles elles ont été entraînées. On retrouve des adjectifs passe-partout comme « fascinant », « unique », « spectaculaire », « crucial », « explorer » ou encore des formulations toutes faites du type « une expérience inoubliable ».
Leur dictionnaire, bien que vaste, privilégie la probabilité à l’originalité.

Un rédacteur humain, quant à lui, puise dans son propre bagage culturel et émotionnel. Les mots qu’il utilise sont le résultat d’une éducation, de lectures, d’expériences de vies, d’influences…

Des limites dans la variation syntaxique

Les phrases générées par l’IA suivent généralement des modèles récurrents. Ainsi, les structures de phrases vont être les mêmes, plusieurs phrases à la suite. Quand on lit à voix haute ou que l’on repère le type de structure « standard » de l’IA, il devient très facile de la détecter (attention, cela peut aussi agacer).

Et enfin, vous remarquerez que l’IA est neutre, elle ne laisse transmettre aucune émotion réelle, issue d’un vécu (puisqu’elle n’a ni émotion, ni histoire, elle n’a qu’une immense base de données).

Bien sûr, vous pourrez lire de très beaux textes générés par des IA, mais je pense qu’il existe une sorte d’alchimie entre nous, humains de chair et d’os, qui nous connecte, parfois sans explications. Et puis, la lecture, c’est comme la musique, on aime lire un•e auteur•e parce qu’on connaît son histoire ou son style, parce que cette personne nous interpelle. C’est pour cela aussi que l’on suit des chanteurs, chanteuses, réalisateurs et réalisatrices par exemple. Ce qui nous intéresse, c’est l’humain derrière la création. Celles et ceux qui sont habitués à « consommer » du contenu humain ne seront pas dupes. Quant aux autres… l’avenir nous dira s’ils seront capables de différencier une IA d’un humain.

Pour finir et si je peux me permettre de faire passer un message : connectons-nous les uns les autres, lisons des livres d’auteurs, regardons des films qui sont de vraies réalisations artistiques et pas des produits marketing fades et creux. Si vous avez des enfants, imposez-leur de lire de vraies auteurs, je suis persuadée que sur le long terme, cela changera radicalement la donne.

Sur ce, saurez-vous retrouver le passage rédigé par une IA ? Vous pouvez participer en commentaire 😉

Bonne rédac’ !
Lucie Rondelet