Vous avez recherché dernièrement « point médian clavier » ou « mots épicènes » sur Google ? Comme de nombreux rédacteurs et rédactrices web, vous envisagez peut-être d’écrire vos contenus de manière plus inclusive, que ce soit pour votre communication ou celle de votre clientèle… Et c’est plutôt une bonne idée. Mais qu’en est-il du référencement naturel ? Peut-on rédiger de manière non sexiste et rester en pôle position sur Google ? Lisez cet article pour découvrir comment utiliser l’écriture inclusive en rédaction web !
Utiliser l’écriture inclusive en rédaction web
Écriture inclusive : définition
À la fois symbolique et linguistique, l’écriture inclusive est un sujet brûlant. Son emploi a même été qualifié de « péril mortel » pour la langue par l’Académie française !
Saboter la langue de Molière n’est pourtant pas le but premier de l’écriture non genrée : elle vise avant tout à assurer une égalité des représentations entre femmes et hommes, partant du principe que « nommer fait exister ».
Cette technique d’écriture permet donc d’abandonner l’emploi systématique du masculin générique au profit d’une formulation neutre. Dans le viseur, la volonté de mettre en avant une grammaire plus égalitaire, où le masculin ne l’emporte pas forcément sur le féminin…
Les techniques d’écriture non genrée
Depuis le XVIIe siècle, les immortels prônent l’usage du masculin générique, censé désigner aussi bien les femmes que les hommes. Pour autant, il est tout à fait possible de communiquer sans stéréotype de sexe à l’aide des pratiques rédactionnelles suivantes :
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- L’utilisation de mots épicènes, ces termes non genrés qui s’appliquent aussi bien aux femmes qu’aux hommes. Vous pouvez ainsi remplacer les chercheurs par les universitaires, les hommes par les humains, les experts par les spécialistes. Pratiques, ces noms, pronoms et adjectifs permettent de conserver une excellente lisibilité.
📌 Ce dictionnaire des synonymes épicènes mis en ligne par Isabelle Meurville est excellent pour trouver des équivalents non genrés.
- L’emploi de noms collectifs, ces formules englobantes particulièrement neutres : la clientèle au lieu des clients, la population parisienne au lieu des Parisiens, l’équipe enseignante au lieu des enseignants, etc.
- La double flexion, également appelée doublet, qui consiste à insérer les deux formes d’un même mot (masculin et féminin) : citoyennes et citoyens, électeurs et électrices, influenceurs et influenceuses, rédacteurs et rédactrices web… en les classant par ordre alphabétique. Plus engageante, cette technique donne davantage de visibilité aux femmes.
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- Les néologismes dégenrés qui permettent une désignation non binaire des personnes concernées. On trouve dans cette catégorie des pronoms personnels (dont le fameux iel, récemment entré dans le dictionnaire Le Robert), des adjectifs (heureuxe), des démonstratifs (celleux), des possessifs (maon) ou encore des noms communs (auditeurice). Cette pratique exploratoire consiste généralement en une fusion des deux termes. Un exemple ? « Iel a eu la visite de saon cousaine ». Leur utilisation donne un signal clair d’engagement en faveur de l’inclusivité.
- L’utilisation du point médian, également appelé point milieu, avec modération pour conserver une bonne lisibilité. Pratique dans les tableaux, les schémas ou tout format présentant une contrainte d’espace. Il peut être remplacé par un tiret, un slash ou un point classique.
Et pour éviter que le masculin ne l’emporte systématiquement sur le féminin, deux possibilités :
- l’accord de majorité ou le fait d’accorder avec le plus grand nombre (mes cousines et mon frère sont allées à la plage) ;
- l’accord de proximité ou le fait d’accorder avec le terme le plus proche (des collégiens et collégiennes talentueuses).
Les rédacteurs et rédactrices web ont donc l’embarras du choix en termes d’écriture non genrée. Cependant, c’est l’entreprise cliente qui définit le degré d’inclusivité des supports rédigés. Tout comme le ton de voix, cet élément est intimement lié à l’identité de marque et au personal branding : il doit être indiqué dans le guide de style, garant de la ligne éditoriale du site.
Langage inclusif : quel impact sur le référencement naturel ?
Bonne nouvelle : même s’ils ne reconnaissent pas encore toutes les techniques d’écriture inclusive, les moteurs de recherche semblent de plus en plus réceptifs à la rédaction non genrée.
Il y a quelques années, le point médian, le tiret ou le slash exprimant l’inclusivité étaient très mal reconnus par les algorithmes, voire pas du tout. Aujourd’hui, les moteurs identifient de mieux en mieux ce type d’écriture.
La preuve en images 👇
Sur la requête « acteur/ice Bordeaux , la SERP (page de résultats du moteur de recherche) affiche des résultats pertinents, et pas uniquement des contenus rédigés selon les codes de l’écriture inclusive. Les résultats sont néanmoins différents de ceux qui apparaissent pour la requête « acteur Bordeaux » ou « actrice Bordeaux ».
En revanche, certains procédés (agglomérat, néologismes) sont encore mal interprétés par les algorithmes. Dans l’exemple ci-dessous, Google a tout simplement suggéré une modification orthographique à ma recherche initiale. Ironie du sort, « Acteurice Bordeaux » est devenu « actrice Bordeaux », faisant disparaître la composante masculine de la requête !
Si je persiste sur ma requête initiale, les résultats affichés en première page correspondent essentiellement à des contenus rédigés en langage inclusif.
Moralité : la prise en compte par Google des requêtes formulées de manière non genrée manque encore de fluidité. Et bien souvent, les résultats affichés diffèrent si l’on emploie un masculin, un féminin ou une formulation inclusive.
En outre, pour être visible sur les SERPs, les contenus publiés sur le Web doivent correspondre à des mots-clés ou expressions fréquemment recherchées par les internautes, la fameuse intention de recherche. Et les requêtes en écriture inclusive sont encore minoritaires sur la toile…
Doit-on pour autant bannir la rédaction non sexiste de nos contenus ? Que nenni !
D’ailleurs, seule une utilisation plus régulière de l’écriture inclusive peut impacter le fonctionnement du SEO. Les robots cherchent à reproduire les comportements humains en analysant constamment les contenus publiés sur la toile. Un changement généralisé en faveur de l’inclusivité est sans doute la manière la plus efficace d’aider les moteurs de recherche à mieux s’adapter.
Voici quelques astuces pour contribuer à la diffusion du langage non sexiste tout en améliorant votre référencement naturel.
Écriture non genrée et rédaction web SEO : les bonnes pratiques
Favoriser la fluidité
C’est la base : qu’elle ou il milite pour l’inclusivité ou pas, l’internaute possède une capacité d’attention limitée. Pour que sa lecture soit plus aisée, surtout sur un écran de smartphone, mieux vaut favoriser les formules claires et simples. Dans le cas contraire, vous risquez fort de perdre votre lectorat en deux temps trois mouvements ! Pour ne pas alourdir vos contenus :
- utilisez les doublets (il est recommandé plutôt pour les mots cours) ;
- écrivez un mot épicène au pluriel lorsque l’article qui l’accompagne est genré (les internautes) ;
- employez le point médian (et équivalents typographiques) avec parcimonie, car ils peuvent gêner la lecture ;
- ayez recours à des synonymes épicènes dès que possible ;
- utilisez des abréviations épicènes lorsque votre guide de style le permet (ado pour adolescent, prof pour professeur, etc.) ;
- les anglicismes facilitent également l’écriture non genrée (freelance pour indépendant·e, follower pour abonné·e, etc.).
Soigner les zones chaudes du SEO
La balise <title>, la méta description, et les balises <hn> sont des zones à fort potentiel SEO. Elles attirent l’attention des internautes et des googlebots et jouent un rôle clé dans le référencement organique d’une page web. Ces éléments contiennent la requête clé principale, correspondant à l’intention de recherche des internautes. Une analyse approfondie de votre clientèle idéale vous permettra d’identifier les mots à utiliser pour vous approcher au plus près de ce que pourrait rechercher votre lectorat.
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Attention : les requêtes utilisant des néologismes et abréviations formées à l’aide de signes typographiques sont encore minoritaires. Vous vous adressez à un public militant, fortement susceptible de les utiliser dans ses recherches ? Dans ce cas, il sera pertinent d’utiliser ces formulations. Sinon, alternez masculin et féminin ou privilégiez l’utilisation de mots épicènes dans vos titres et intertitres.
Cibler des mots épicènes
Les mots-clés en écriture inclusive ne sont pas encore très concurrentiels. Dans certains cas, cela peut donc s’avérer très intéressant pour votre stratégie SEO de positionner certains contenus sur ce type de requêtes.
Utiliser une banque d’images inclusives
Les illustrations marquent les esprits : utiliser des images favorisant la diversité des genres dans vos contenus est aussi une bonne méthode pour lutter contre les stéréotypes.
Écrire de manière non sexiste, c’est facile et même plutôt amusant quand on aime jouer avec les mots. Et vous, avez-vous intégré cette pratique dans vos contenus ?
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Sabine André, rédactrice web SEO et ancienne élève Origami 6
2 Responses
Bonjour Lucie,
C’est étrange cette volonté de limiter l’usage des mots et de la pensée, alors que dans ta formation tu rabâches , à juste titre qu’on doit être intransigeant sur l’orthographe et la grammaire.
Dans un de tes exemples, « chercheur » n’est pas synonyme de « universitaire ». Le choix d’un mot ou d’un autre a une signification précise.
D’autre part qu’en est-il de la fameuse expérience utilisateur ? Avec ce type d’écriture on se risque à perdre la moitié des moins de cinquante ans et la totalité des plus de cinquante. J’imagine qu’elle est donc à réserver à un contenu déjà très ciblé.
Olivier
Bonjour Olivier,
Ah… l’écriture inclusive fait souvent réagir. Il ne s’agit pas de limiter l’usage des mots et de la pensée, mais juste de donner de la visibilité aux femmes à l’écrit. Où est le mal ? Chercheur peut très bien être le synonyme d’universitaire, tout dépend du contexte. Il ne te viendrait sans doute pas à l’idée de remplacer « a » par « posséder » dans cette phrase : « Gina a les yeux bleus ». Pourtant, « posséder » est bien un synonyme du verbe « avoir ». Mais ici, le contexte ne permet pas la substitution.
Quant à l’expérience utilisateur, je ne crois pas que ce soit un problème : tu penses sans doute au point médian, mais l’écriture inclusive ne se résume pas à ce point qui fait grincer tant de dents. Dire : bonjour madame, bonjour monsieur, c’est de l’écriture inclusive.