Mort et renaissance du rédacteur généraliste
Rédacteurs, rédactrices, l’année 2023 restera dans les annales celle d’un chamboule-tout des mots. Alors qu’en ces premiers frémissements de 2024, les jours s’allongent, les esprits chagrins nous prédisent encore et toujours la fin du rédacteur Web. Mais qu’en est-il vraiment ? Sommes-nous passés directement de profession émergente à métier obsolète ? Y a-t-il un avenir pour le rédacteur généraliste ? Et 2024 sera-t-elle l’année des rédacteurs ou sonnera-t-elle le temps de la reconversion pour une corporation qui compte parmi les siens près de 100 % de gagnants à la loterie des aléas de la vie ?
2010—2023 : bon marché ou grande braderie, la rédaction Web dans tous ses états
Début des années 2010 : la rédaction Web en est à ses balbutiements. Le rédacteur Web est un pur produit de la naissance de Google en 1998, puis de l’explosion des moteurs de recherche dans les années 2000. Avec leur apparition, une science nouvelle émerge : le référencement naturel. On assiste à une montée en puissance de l’économie du Net et les marques prennent conscience de la nécessité de construire leur présence digitale. Et dès lors que le marché du Web connaît une croissance exponentielle, les sites engagent une véritable guerre de la SERP. L’enjeu, le saint Graal : une position zéro sur Google. Ou, à tout le moins, quitter les pages honteuses de l’invisibilisation. S’ensuit une décennie qui voit tous les signaux passer au vert pour les spécialistes de l’écriture optimisée.
L’âge d’or de la rédaction généraliste
C’est le boom des rédacteurs Web professionnels : fini, le site internet bricolé par le petit neveu en stage. Terminés les articles de blogs écrits à la va-vite, entre deux comptes-rendus, par une assistante de direction éreintée. Bannies, les pages fixes bourrées de coquilles et répétitives. On réclame du pro, on a soif de résultats : on en veut pour l’argent qu’enfin, on réalise devoir investir dans sa stratégie digitale.
Deux écoles s’affrontent alors : les rédacteurs-artisans (bien souvent des rédactrices) et les plateformes de contenu à bas coût. Au milieu du gué, arbitres des élégances, les agences digitales prétendent allier le meilleur des deux camps. Un certain équilibre s’installe. Dans cet univers en plein essor, le rédacteur indépendant tire son épingle du jeu. Une orthographe parfaite, une syntaxe impeccable, une bonne maîtrise des requêtes clés et du champ lexical : vous voilà en pôle position et les clients affluent. Les plateformes servent de terrain d’apprentissage aux débutants et offrent des sources de revenus à une armée de scribes des terres malgaches ou africaines : fiches produits à la chaîne, pages de catégories de catalogues en ligne… Pour ces explorateurs des nouveaux mots du Net, le clavier est un eldorado et si tous ne font pas fortune, la plupart trouvent des débouchés.
Chat GPT (dé) faiseur de rois
Mais, 2023 installe un nouveau roi du pétrole : Chat GPT. Né le 30 novembre 2022 dans une relative indifférence, il devient l’objet de toutes les attentions et de tous les espoirs. Les étudiants lui font composer thèses et dissertations, quand les clients des rédacteurs y voient une solution pour réduire leurs dépenses en période de crise financière. Dans le milieu feutré des écrivains de l’ombre, c’est la panique : cher Chat prend des allures d’Attila intergalactique. Devant son style, certes neutre et policé, mais irréprochable, sa puissance inépuisable de production, son accès direct à l’ensemble des sources du Net, que pèse le pauvre humain attelé à son ordinateur portable ? Dix ans après son éclosion, la messe est dite et le rédacteur Web est condamné à une imminente extinction… Vraiment ?
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Rédacteur, rédactrice : à la niche ?
Tout serait donc perdu ? Certes, pour une certaine catégorie de rédacteurs, hélas, les jours sombres ont commencé. Les commandes pour ces centaines de fiches produits, ces lots par dizaines d’articles destinés à contenir un maximum de mots-clés ou à démontrer à Seigneur Google l’activité d’un site, c’est sans doute fini. Pour les plateformes low cost comme pour les agences digitales qui empruntent leur modèle, c’est la fin de l’or numérique. Elles laissent derrière elles, échoués dans leur sillage, les milliers de galériens du clavier qui y avaient trouvé leur gagne-pain…
Je me niche, tu te niches, nous nous nichons…
Alors ? Alors, passés les premiers accès mélancoliques, la résistance s’organise. L’écriture généraliste s’essouffle, laissant place à des rédacteurs spécialisés : anciens juristes, rescapé.e.s des professions enseignantes ou paramédicales, as de la vente immobilière repentis…
Les rédacteurs de niches se vendent, cher, et les clients se bousculent. L’époque, quasi antique, où le rédacteur écrivait pour une firme automobile le matin, une étude notariale l’après-midi et un artisan-plombier le lendemain est révolue. L’expertise rassure, réconforte des prospects perdus dans un monde définitivement converti à la dématérialisation, mais dont, bien souvent, ils ignorent les codes.
Les métiers émergents d’un métier émergent
Pas de reconversion d’un métier bankable en rédaction Web ? Qu’à cela ne tienne ! Le monde du digital bouge à toute allure, et avec lui, de nouvelles opportunités se font jour dans l’univers décorporé :
- Le consultant SEO promet des résultats spectaculaires sur la SERP.
- Le Social Media Manager navigue pour ses clients dans les eaux troublantes des réseaux sociaux.
- Le Content Strategist s’occupe de l’entièreté de l’écosystème digital d’une marque.
- Le Copywriter cornaque les prospects dans un tunnel de vente. Mais gare aux manipulateurs des peurs. Car oui, le copywriting éthique, ça existe !
- Le Ghostwriter demeure une valeur sûre pour les écrits à destination des autres professionnels.
Chaque jour, de nouvelles activités éclosent, toujours plus étroitement concentrées sur telle ou telle population et toutes entières tournées vers des cibles choisies et mesurées avec soin.
Mais alors, quid des réfractaires aux réseaux sociaux ? Que faire lorsqu’on vient, comme tant de rédacteurs, d’un domaine peu porteur sur le Net ? Quel débouché, quand le client potentiel est particulièrement désargenté (amis musiciens, je vous vois…) ?
2024 : l’année des rédacteurs Web ?
Quelle peut être la rédemption du rédacteur généraliste dans un univers où l’expertise est devenue le sésame de la réussite digitale ? Quel avenir, pour ceux et celles qui écrivent sur tous les sujets, parfois sur tous les supports ?
Faites-vous Plume
Trois petits mots pour un espoir… Une niche existe, aux contours plus flous, aux frontières moins délimitées. Qu’est-ce qu’une plume, en rédaction Web ? C’est un ciseleur de verbe, une sculptrice de concepts. Les plumes allègent un SEO trop amoureux des mots-clés. Elles accompagnent l’internaute dans la douceur ouatée de leurs phrases et réenchantent l’écriture digitale. À l’heure du triomphe de l’intelligence artificielle, la plume part au combat, armée de sa grâce stylistique et de son intelligence émotionnelle. Et contre toute attente, nous assistons à l’émergence des plumes.
Une écriture précieuse pour clients exigeants
Passée la vague de la nouveauté, les marques, industrie du luxe en tête, commencent à entrevoir les dangers de l’IA et de l’uniformisation. À trop gommer les aspérités, à trop courtiser la saveur de l’année, les sites se ressemblent, propres, mais sans grande personnalité. Leurs produits haut de gamme ne se reflètent pas dans la mécanique rodée des robots langagiers. Le Web prend un virage qui remet en cause le SEO « historique ». Les moteurs de recherche se perfectionnent toujours plus, se détournent du bourrage de mots-clés et pénalisent les contenus pauvres débités au kilomètre. Et au-delà du référencement espéré, les marques veulent s’illustrer par une identité visuelle distincte et un positionnement rédactionnel qui collent à leur image.
Rédaction premium, la niche 3.0 ?
Une nouvelle ère s’ouvre pour les rédacteurs Web. Dans le grand chambardement des révolutions numériques, des incertitudes demeurent. Des gagnants se dresseront et des perdants tomberont. À l’instar de beaucoup, dans nos sociétés aux prises avec des bouleversements sans précédent, on peut craindre de périr sous le rouleau compresseur de la modernité en marche. Ou bien, et c’est notre choix chez Formation Rédaction Web, on peut voir tous les challenges qui s’offrent à la profession comme autant d’opportunités. On peut traiter l’IA en alliée ou en ennemie irréductible. Nous croyons en un avenir radieux pour les rédacteurs et les rédactrices, et fidèles à la philosophie couteau-suisse de Lucie Rondelet, nous les formons pour leur donner constamment un temps d’avance au service de leurs futurs clients.
Belle année 2024 à tous les rédacteurs et rédactrices Web !
Eve Beausejour, rédactrice web professionnelle, ancienne élève FRW
Sources :
Une réponse
Wouah ! C’est super génial ce site pour une démonstration de compétences en rédaction web