Une étude (réalisée par le cabinet Occurence pour le site web Avec des Mots) a révélé que près de 50 % des personnes interrogées ne comprennent pas le contenu des courriers qu’elles reçoivent… il en va de même avec les articles de blog et autres textes écrits sur le Web.
Soigner sa communication digitale, quelle que soit l’entreprise ou l’organisation pour laquelle on rédige est impératif pour pouvoir toucher les prospects et retenir leur attention.
Rédiger des contenus clairs et compréhensibles
Au cours de mes recherches pour rédiger cet article, je suis tombée sur un titre pour le moins accrocheur : Les Français comprennent-ils le texte qu’ils lisent ? Cette question, quelque peu dérangeante, me permet d’introduire le sujet avec un chiffre : 4 Français sur 10 ne comprennent pas ce qu’ils lisent.
Dans ce contexte, comment éviter l’incompréhension de nos texte par les lecteurs ? Il existe par exemple la technique du langage clair. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes : 80 % des personnes interrogées comprennent un texte rédigé dans un langage simple, peu importe le sujet.
Mais concrètement, comment s’y prend-on ? En fait il s’agit de choisir les mots les plus évidents et courants, par rapport à des mots peu voire pas « usités ». Par exemple, dans cette dernière phrase, on pourrait écrire le mot « utilisés » à la place d’« usités » ;-).
Voici quelques exemples :
a. Vocabulaire administratif ou juridique
Mot complexe | Mot plus simple |
---|---|
Conformément à | Selon |
Dans le cadre de | Pour |
Préalablement | Avant |
En vertu de | D’après / Grâce à |
Le cas échéant | Si besoin |
À l’issue de | Après |
En ce qui concerne | Sur |
Sous réserve de | Sauf si |
En dépit de | Malgré |
b. Vocabulaire académique ou soutenu
Mot complexe | Mot plus simple |
---|---|
Optimal | Meilleur / Idéal |
Pertinent | Adapté / Approprié |
Conséquent | Important / Grand |
Déficient | Insuffisant / Mauvais |
Exhaustif | Complet |
Subséquent | Suivant |
Récurrent | Fréquent / Qui revient |
Éminent | Reconnu / Très connu |
Notable | Remarquable / Clair |
Transversal | Général / Global |
c. Verbes complexes
Verbe complexe | Verbe plus simple |
---|---|
Solliciter | Demander |
Effectuer | Faire |
Procéder à | Commencer / Lancer |
Bénéficier de | Avoir / Profiter de |
Déterminer | Décider / Choisir |
Appréhender (au sens d’« comprendre ») | Comprendre |
Mettre en œuvre | Appliquer / Utiliser |
Être en mesure de | Pouvoir |
Disposer de | Avoir |
Mettre à disposition | Donner / Fournir |
d. Adjectifs ou adverbes ampoulés
Mot complexe | Mot plus simple |
---|---|
Ultérieur | Prochain / Plus tard |
Imminent | Bientôt |
Fortuit | Par hasard |
Immuable | Inchangeable / Fixe |
D’ores et déjà | Déjà |
Véritable | Vrai |
Eventuel | Possible |
Subtil | Léger / Délicat |
Probant | Convaincant |
Austère | Strict / Simple |
e. Formules figées ou tournures à simplifier
Formule lourde | Formulation simplifiée |
---|---|
Il convient de noter que | Il faut dire / Dire que |
Dans l’hypothèse où | Si |
À cet effet | Pour cela |
En d’autres termes | Autrement dit |
De manière à | Pour |
À l’instar de | Comme |
Eu égard à | Vu / En raison de |
Faire état de | Parler de / Dire |
Porter à la connaissance de | Informer |
Sans surprise, l’administration fiscale est la plus mauvaise élève, avec une note de 11,5/20. Les assureurs obtiennent un score guère meilleur avec 12,5/20, suivis par les banquiers 13,5/20. La médecine n’est pas en reste, avec 30% de Français qui ne comprennent pas ou mal les notices des médicaments.
Source : Avec des Mots, 2018.
À lire aussi : (étude décembre 2024) Le niveau de compréhension écrite des Français s’effondre
2 – Adapter son contenu aux types de lecteurs avec la norme ISO 24495-1
Laissez-moi deviner, vous vous dites sans doute « elle n’est pas cohérente, puisqu’elle nous parle du langage clair, facilement compréhensible et voilà qu’elle nous sort des notions compliquées ! »
Je comprends et je vous dois une explication.
En gros, la norme ISO 24495-1, créée dans le cadre de l’Organisation internationale de normalisation, précise que pour communiquer en langage clair, il faut connaître :
- ce que les lecteurs veulent et ont besoin de savoir ;
- le niveau d’intérêt, d’expertise et les compétences des lecteurs ;
- le contexte dans lequel ils utiliseront le document.
Ce type de langage est destiné à public général, il se distingue du langage simplifié, utilisé pour les personnes qui rencontrent des difficultés de compréhension pour la lecture. Elles peuvent être dues à des problèmes de santé ou au fait de ne pas bien maîtriser la langue par exemple.
Utiliser le FALC dans ses textes pour plus d’inclusivité
La méthode du FALC, qui signifie « facile à lire et à comprendre », va vous permettre de rendre vos textes accessibles au plus grand nombre.
Le FALC s’adresse aux personnes en situation de handicap, à celles ayant un âge avancé ou encore, à celles dont le français n’est pas la langue maternelle. Quoi qu’il en soit, amener plus de clarté dans vos textes sera bénéfique pour l’ensemble des cibles.
Cet outil est disponible sur le site web de l’association Inclusion Europe. Huit pays de l’Union européenne ont travaillé de concert pour fixer des règles d’écriture claire. Les services de chaque État, (par exemple le ministère de la culture en France), peuvent désormais créer des supports de communication plus inclusifs, et vous aussi !
Quand un texte est reconnu FALC, un logo y est apposé.
Simplifier les textes pour les rendre plus accessibles
Une autre étude réalisée auprès de dix enfants dyslexiques a également montré que les résultats en compréhension et en vitesse de lecture étaient bien meilleurs avec des textes simplifiés (Gala & Ziegler 2016).
Les simplifications étaient faites selon quatre niveaux : lexical , syntaxique, discursif, et morphologique :
Typologie | Exemple original | Exemple transformé |
Transformation lexicale : remplacement par des paraphrases ou par des synonymes davantage fréquents généralement plus courts. | « Lorsqu’il se réveille au début du printemps, il est particulièrement affamé. » | « Quand il se réveille au début du printemps, il a très faim. » |
Transformation morphologique : dans le cas du français, changement des flexions verbales ou changement de catégorie dans une même famille morphologique. | « Malheureusement, notre asticotne comprit pas la plaisanterie. » | « Par malheur, notre vers n’a pascompris la blague. » |
Transformation syntaxique : simplification de la structure des phrases, ou suppression des incises. | « Les algues se nourrissent aussiavec les sels minéraux de l’eau demer qu’elles absorbent. » | « Pour se nourrir, les alguespompent aussi les sels minéraux del’eau de mer. » |
Transformation discursive : remplacement de pronoms personnels par le syntagme nominal désignant leur référent. | « Il y a bien longtemps, dans leJapon d’autrefois, plusieursempereurs appelés shoguns separtageaient la totalité du pays. Cesderniers se livraient batailles […]. » | « Il y a longtemps, dans le Japond’avant, plusieurs empereurs separtageaient le pays. Les empereursfaisaient des batailles […]. » |
Source : Article La simplification de textes, une aide à l’apprentissage de la lecture, Cairn, 2018) : https://shs.cairn.info/revue-langue-francaise-2018-3-page-123?lang=fr.
Manier les mots pour communiquer convenablement
C’est sur le site web de Stratégies que je suis tombée sur un article très intéressant. Les deux auteurs évoquaient les règles du mythique dictionnaire Le Petit Robert.
En se basant sur cet ouvrage, ils énonçaient quatre leçons incontournables :
- Le besoin de précision. Toute rédaction doit préalablement être pensée, pour ensuite s’exprimer avec justesse.
- La nécessité d’être compris. Si les mots sont bien choisis, et bien utilisés, il y a davantage de chance que la pensée soit partagée.
- L’utilisation de la nuance ou l’importance de bien nommer les choses.
- Le besoin de reconnaissance. Le lectorat se sentira compris, car il notera la façon dont on s’adresse à lui.
En somme, favoriser la compréhension par la modification des textes n’a rien d’inédit, mais il est toujours bon de rappeler certaines règles.
Cela est d’autant plus vrai à l’heure où l’intelligence artificielle générative inonde le Web.
« L’IA, donc, déshumanise, du moins à ce stade, la chair des mots et standardise la pensée et le langage ».
(Source : magazine Stratégies)
Il est de la responsabilité de chaque créateur ou créatrice de contenu, rédacteur ou rédactrice web d’ajouter sa patte et d’adapter ses textes, tant sur la forme que sur le fond, afin de parler à une cible, elle, bien humaine.
Caroline & Lucie