ChatGPT menacerait le travail des rédacteurs web. L'avis de FRW.

ChatGPT, une menace pour les rédacteurs web : vraiment ?

ChatGPT (prononcer «tchat’gipiti ») a déferlé dans votre fil d’actu sans crier gare… Depuis novembre 2022, impossible d’échapper au tsunami soulevé par cette intelligence artificielle développée par OpenAI. « Révolutionnaire », « prometteuse », « dangereuse »… Les adjectifs ne manquent pas pour qualifier l’IA. Chacun y va de son avis, de ses tests, de ses prophéties aussi, notamment sur l’avenir des métiers liés à l’écriture. Oyez oyez ! L’agent conversationnel capable de générer automatiquement du contenu va bientôt remplacer les rédacteurs web (lesquels vont évidemment pointer au chômage – ou au « chomdu » comme disaient mes parents dans les années 1990 – #jaimelesmotsdesuets ;-). Allons, allons, « t-t-t-t-t » on se calme, on prend une grande inspiration et on lit la suite.

ChatGPT : révolution ou gadget ?

Combien d’articles de journaux ont parlé de « révolution ChatGPT » ? Pourtant, cette IA qui fait le buzz n’a pas grand-chose de révolutionnaire. Vous me trouvez de mauvaise foi ? Non, réaliste. Je m’explique. Cet outil n’est qu’un énième générateur de texte. Jasper, MarkCopy ou encore son ancêtre, GPT3, produisent déjà du contenu à la demande. La nouveauté ici est sa présentation, sous la forme d’un chatbot (vous savez, ces petits robots qui semblent converser avec vous sur les sites web). Mais cette technologie est-elle nouvelle ? Non. Vous l’utilisez déjà quand vous avez besoin d’assistance sur un site. Je l’ai installée depuis longtemps sur formation-redaction-web.com. Vous avez aussi l’habitude d’échanger avec un robot lorsque vous vous adressez à Alexa ou à Siri (chez moi, Siri s’appelle Thierry, et ça marche tout aussi bien : « dis Thierry, mets une musique d’Emma Peters »). Bref il me semble plus juste de parler d’innovation que de révolution.

D’après moi, le succès de l’outil et l’emballement médiatique qu’il suscite sont liés à sa facilité d’utilisation, son côté ludique et surtout à sa gratuité, qui le rendent accessible à tous. Mais c’est temporaire,un abonnement premium n’a d’ailleurs pas tardé à être proposé pour 20 $ par mois. Avant, très certainement, une version uniquement payante. Soyons clairs, si la firme californienne a mis ce joujou à disposition du grand public, ce n’est pas par philanthropie. Alors pourquoi ? Pour tirer des leçons de son exploitation à l’échelle mondiale : l’alimenter, comprendre comment les internautes s’en servent et, in fine, l’améliorer. Il suffit, s’il fallait vraiment s’en convaincre, de jeter un œil à la politique de confidentialité d’Open AI.

La preuve par l’exemple que le robot n’a rien de la révolution à laquelle le buzz médiatique pourrait faire croire ? En France, un Comité national pilote d’éthique du numérique a été créé dès 2019 à la demande du Premier ministre. Ce comité a émis un avis sur les enjeux éthiques liés aux agents conversationnels, adopté en 2021… donc bien avant l’arrivée de l’assistant de rédaction d’OpenAI !

Rédacteurs et rédactrices web, si ce buzz vous a fait craindre la concurrence de ChatGPT, vous voilà rassuré·e·s. Vous voyez qu’il n’y a finalement rien de nouveau sous le soleil.

Rédacteurs web : voici pourquoi vous ne devriez pas avoir peur de ChatGPT

ChatGPT génère du contenu médiocre

Je suppose que vous avez testé l’agent conversationnel ? Nous aussi. Avec mon équipe, nous avons a voulu voir ce qu’il a dans le « ventre » et nos conclusions sont sans appel. Ses contenus sont fades, répétitifs, creux, sans profondeur, sans émotion, sans avis. Bref, ils sont franchement pénibles à lire. Je ne serais pas étonnée d’ailleurs que certains médias « bas de gamme » l’utilisent déjà pour rédiger leurs articles de presse.

Vous voulez vous rendre compte des « qualités rédactionnelles » de cette IA ? Jugez par vous-même avec cet extrait d’article que je lui ai demandé de rédiger sur les activités à faire à Chambord. J’appelle cela du blabla. Vous valez nettement mieux j’espère ?

En l’état, le texte n’est pas exploitable et nécessite d’être retravaillé pour lui donner du corps et de l’âme.

Extrait d'un texte rédigé par l'intelligence artificielle ChatGPT sur le sujet Que faire à Chambord
Extrait d’un texte rédigé par l’intelligence artificielle ChatGPT sur le sujet « Que faire à Chambord »

ChatGPT ment (ou invente)

Le chatbot est un menteur, et OpenAI ne s’en est pas vanté. C’est pourtant la (triste) réalité, car son objectif est de fournir coûte que coûte une réponse. Alors, il n’hésite pas à raconter des salades. Je me suis amusée à lui demander « pourquoi les enfants perdent-ils leurs seins de lait » ou encore « pourquoi les cheveux deviennent-ils verts à l’automne ». Ses réponses sont désarmantes, voire affligeantes. Quand on lui demande de fournir ses sources, il les donne… mais elles n’existent tout simplement pas (et pour cause !). Or, vous le savez bien, il est indispensable de s’appuyer sur des sources fiables en rédaction web. Le rédacteur web est un artisan (des mots), Gepetto, mais pas Pinocchio. Les assertions de ChatGPT doivent, de ce fait, être scrupuleusement vérifiées.

Un flou juridique et éthique autour des agents conversationnels

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la déferlante ChatGPT pose de sérieuses questions juridiques et éthiques. Les gouvernements, les législateurs et les organisations doivent, si ce n’est pas déjà fait, s’en saisir au plus vite.

🤔 Quid de la légalité d’un outil qui a été entraîné et nourri avec du contenu – certes en libre accès –, mais protégé par des droits d’auteur ?

🤔 Quid des étudiants qui obtiendraient leurs diplômes grâce à des copies dopées à l’IA ?

🤔 Quid de la déontologie d’un rédacteur web qui facturerait à son client un texte qu’il n’aurait pas rédigé, mais commandé à l’intelligence artificielle ?

🤔 Quid de la responsabilité d’une entreprise qui, parce qu’elle utiliserait un assistant de rédaction, alimenterait le Web en contenus dangereux pour la santé des internautes (par exemple, en conseillant l’utilisation d’huile essentielle de menthe poivrée pour soigner les nourrissons alors qu’elle leur est interdite) ? Cette entreprise pourrait-elle se retourner contre la personne qui a écrit le texte ?

Vous le voyez, autant de questions qui n’ont pas encore de réponses, mais auxquelles vous devez être sensibilisé·e·s.

ChatGPT est-il une menace pour les rédacteurs web ?

Non, ChatGPT ne menace pas le travail des rédactrices et rédacteurs web premiums. En tout cas, pas ceux qui s’attachent à écrire des textes de qualité, bien documentés, sémantiquement riches et dont la valeur ajoutée est indéniable. Je pense avoir démontré jusqu’ici que l’agent conversationnel ne fait pas le poids, même pour des tâches qui peuvent être répétitives pour le créateur de contenu comme la rédaction de fiches produits par lots. D’ailleurs, nous avons tout intérêt à particulièrement les bichonner, car selon une étude Salsify de 2023, « plus de la moitié des consommateurs (55 %) déclarent renoncer à un achat s’ils estiment le descriptif ou les images du produit de mauvaise qualité ou si les informations fournies sont insuffisantes ». L’enjeu étant de taille, évitons alors de confier cette mission à ChatGPT.

J’ai parlé des rédacteurs premiums, mais les autres ? doivent-ils craindre ChatGPT ? Ma réponse sera plus nuancée. Je pense que l’outil peut menacer l’avenir des rédacteurs et rédactrices payés des clopinettes. Pour des textes de niveau équivalent, les clients pourraient être tentés de choisir l’intelligence artificielle, dont le coût est, pour le moment, dérisoire.

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ChatGPT en rédaction web : quelle utilisation ?

Maintenant que vous avez compris que vous ne devez pas redouter la concurrence de l’agent conversationnel, appuyez-vous sur lui dans l’exercice de vos missions, car tout n’est pas à jeter non plus. Il peut vous venir en aide dans plusieurs cas de figure, notamment en cas de panne d’inspiration. Le syndrome de la page blanche, avec lui, c’est fini. Vous n’arrivez pas à commencer un texte et la technique du « chère maman » d’Ann Handley ne fonctionne pas ? Demandez-lui. Il vous débloquera certainement.

De la même manière, lorsque vous manquez d’idées pour vos articles de blog, n’hésitez pas à utiliser ChatGPT. Vous arriverez bien à exploiter une ou deux de ses suggestions.

Voici quelques autres exemples d’utilisations possibles (liste non exhaustive) :

  • générer des mots-clés ;
  • créer une structure d’article ;
  • corriger un texte ;
  • reformuler un article ;
  • proposer des titres.

Finalement, si ChatGPT ne menace pas le travail des rédacteurs web, il est néanmoins un outil comme un autre. Autant en profiter en cas de besoin !

Et que pense Google du contenu généré automatiquement par une IA ?

Publier du contenu à de seules fins de référencement naturel est du spam. Google a toujours été très clair à ce sujet. Néanmoins, la vague ChatGPT a non seulement contraint la firme américaine à plancher sur la conception de son propre chatbot – Bard –, mais aussi à se positionner sur l’indexation et la classification, dans ses pages de résultats, de textes produits automatiquement. Dans ses conseils sur le contenu généré par IA, Google précise qu’il l’autorise, dès lors qu’il vise l’internaute (et non le SEO), qu’il est utile, original, de haute qualité et répond aux critères E.E.A.T. Est-ce que ceux qui recourent à ce type de technologie pour alimenter leurs sites ont vraiment la satisfaction de l’internaute en ligne de mire ? Je ne crois pas. Quant à l’originalité, elle a ses limites dans la mesure où le contenu est créé à partir des textes préexistants dont l’IA a été nourrie.

Maintenant, prenons un peu de hauteur. Google pourrait proposer depuis longtemps une seule réponse, comme le fait votre enceinte connectée. Mais ce serait oublier un aspect fondamental : la monétisation du moteur de recherche. Son modèle économique repose sur la publicité, en l’occurrence GoogleAds. Ce sont les annonces que vous voyez en haut de page sur certaines de vos requêtes. Fournir un résultat unique à la manière de ChatGPT ou d’Alexa reviendrait à faire payer les annonceurs une véritable fortune. Quelle entreprise aurait les moyens de se payer ce privilège ? Quid de la pertinence de la réponse ? Et vous, Internautes, apprécieriez-vous de ne pas avoir le choix dans votre navigation et d’être soumis à une pensée unique. D’ailleurs, percevez-vous le danger pour les démocraties, et, au-delà, pour l’humanité ? Derrière le mirage de l’agent conversationnel, l’abîme de la désinformation, des fake news, du complotisme… Effrayant, non ?

Finalement, ChatGPT est-il davantage une menace pour l’humanité que pour les rédacteurs web ?

Terminons cet article par une réflexion. L’intelligence artificielle est présente dans nos quotidiens depuis des années et la tendance n’est pas prête de s’inverser. Mais en tant qu’usagers, nous satisfait-elle vraiment ? Quand vous appelez une entreprise et que, pour joindre votre interlocuteur, vous devez taper 1, puis 3, puis 2, puis étoile pour revenir au menu parce que vous n’avez pas bien écouté, n’avez-vous l’impression d’être déconsidéré ? Pire, lorsque vous avez affaire à un callbot et qu’il vous demande de formuler oralement votre besoin, vous vous retrouvez à devoir penser comme un robot pour avoir une chance d’être compris et transféré au bon service. Ubuesque ! Avons-nous vraiment envie de cela ?

Quant aux contenus générés par IA, quelle place souhaitons-nous leur accorder ? Terminés les jeux de mots, la poésie, les nuances, les sous-entendus, les larmes, les éclats de rire, les sourires. Bonjour les textes sans âme, superficiels, et les contenus consanguins qui nivellent par le bas. Car les mots ont un grand pouvoir, celui de rendre les hommes libres. Laisser une machine s’en emparer, n’est-ce pas mettre en péril l’humanité ?

Nous avons le pouvoir d’utiliser ces technologies. Ou pas. Soyons clairvoyants.

Lucie Rondelet et Stéphanie Soulier

lucie rondelet instagram

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4 réponses

  1. Merci pour cet article qui fait réfléchir à l’utilisation et à la pertinence du contenu de chatGPT. Je suis d’accord avec vous, chatGPT peut être un très bon assistant, pour un plan des titres, mais pas pour rédiger tout le contenu. Je me sers de son contenu directement pour des définitions de glossaire, mais même là j’hésite à retoucher pour donner un peu ma patte, ce que je finis par faire. Un autre aspect négatif est l’actualité : chatGPT est toujours en retard sur l’actualité. Quant à la pensée unique, c’est sûr qu’on peut le voir comme un grand danger, mais quand on discute avec lui il donne souvent des réserves sur ses réponses en précisant qu’il n’a pas accès aux ressources du web par exemple. Je n’ai pas encore tenté de le rendre marrant, mais j’ai vu qu’il pouvait imiter des styles d’auteurs.

  2. Un texte très bien rédigé et clair. Merci ! Il est évident que ChatGPT est loin du niveau des bons rédacteurs. Toutefois, il faut regarder la réalité en face, cette IA va faire (un peu) mal aux rédacteurs. Certains « clients » ne voudront plus débourser 200 € voire davantage dans un texte rédigé par un pro en chair et en os. C’est vrai, l’IA fait un boulot potable, pas top mais potable, et cela suffit à certains peu regardant sur la qualité de la rédaction et du contenu.

    Quant aux rédacteurs qui feront 100 % du boulot avec l’IA et vendront ensuite leur boulot à des prix exorbitants, il y en aura ! Des gens malhonnêtes il y en a de partout. Voyez à quel point il est difficile de se connecter à son compte pour « jouer » avec cette IA. Des serveurs surchargés et une sur connexion, montrent l’emballement de la population pour cet outil diabolique !

    Je viens tout juste de me former à la rédaction web, et je vois ChatGPT d’un assez mauvais oeil. Je l’ai testé, il s’avère effectivement utile pour lutter contre le syndrome de la page blanche. Espérons que son rôle se limite uniquement à cela pour beaucoup de monde.

    J’aimerai être aussi optimiste que vous…

    1. Merci Lionel pour votre commentaire. Il ne faut pas nier l’impact des agents conversationnels sur nos métiers, mais personnellement, je ne me sens pas en danger. Je pense que les rédacteurs bas de gamme ou off-shore ont sans doute le plus à craindre.
      Bonne journée,
      Stéphanie

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